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pénétrant, des moustaches de Mantchou qui s’en vat’en guerre ; une forte voix, une voix militaire et haute. C’est un homme qui a eu quelque chose de tué sous lui dans sa vie , une illusion, un rêve ; je ne sais. Au fond de lui gronde et bâille la colère et l’ennui de la vaine escalade de quelque ciel. Son observation de sang-froid fouille sans vergogne et manches relevées, l’homme jusqu’à l’ordure : c’est comme une poigne de chirurgien, qui tàte avec de l’acier un fond de plaie. [1]» Et plus loin : « C’est un poète avant tout.... la grande pente de son esprit est à la pourpre, au soleil, à l’or. » Voilà bien le grand observateur et le grand styliste harmonieux. De ce romancier « à la poigne de chirurgien » et de Charles qui « possédait à un degré suprême le tact sensitif de l’impressionnabilité, » qui avait « une perception aigué, presque douloureuse de toute chose et de la vie » partent les deux courants du roman naturaliste. L’auteur de V Assommoir dérive à la fois des deux, il est au confluent de Flaubert et des Goncourt ainsi que M. Alphonse Daudet. Parmi les romanciers plus jeunes, les uns, tels que -M.Guy de Maupassantsont, comme Flaubert, des poètes en prose, nombreux et périodiques, dont toutes les fins de phrase ont des envolements de strophe, de style d’acier, ferme et brutal « aux reflets métalliques » [2], les autres, et M. J. K. Huysmanspeutètre pris comme type, sont des sensationnistes à outrance, insoucieux de composition, heurtant les mots, mais arrivant à rendre comme des peintres la vie d’une rue. Cette dernière école est de beaucoup dominante.

Jules de Goncourt n’a pu voir éclore tous ces jeunes

  1. . Charles Dtmailly, p. 162
  2. Mot de M. de Brunetièie.