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depuis quelque temps, il appuie sur le mot fameux : Le cléricalisme, c’est l’ennemi ! et vous répétera avec conviction que le gouvernement devrait « phlébotomiser » les prêtres tous les mois. — Mon fils, allez me chercher le dernier numéro du Fanal de Rouen, que je fasse lire à monsieur un article à l’élaboration duquel (ôtant sa calotte) je ne suis peut-être pas étranger. Oh ! une distraction agréable et utile. Un article instructif, fait pour nos paysans qui sont encore illettrés et sauvages. Une question bien intéressante : « De la destruction des animaux nuisibles dans le département de la Seine-Inférieure. » — Mais voici quelqu’un. Tiens ! c’est M. le percepteur Binet ! — Bonjour, monsieur le percepteur ! — Binet, toujours aussi maigre, aussi réglementaire, aussi taciturne, vient chercher du tord-boyaux pour empoisonner les rats qui ravagent son grenier. Si vous essayez de lier conversation avec lui, il vous expliquera que vous êtes bien malheureux, vous qui ne savez pas tourner des ronds de serviette. Un tour ! ô bonheur ! Sa voix est couverte par celle des chantres qui psalmodient. Un enterrement ; le notaire, vous savez, le notaire doucereux qui portait des lunettes d’or et qui tripotait avec Lheureux est mort d’une goutte remontée, (juel dommage ! Voilà derrière le convoi le curé Bournisien apoplectique. Gare à la goutte, monsieur le curé ! Sa face, couturée de boutons, est hideuse, toute convulsée par le chant de psaumes ; sa bouche s’ouvre, très large. — S’en donnent-ils ces gaillards-là ! s’en donnent-ils ! dit Homais à demi-voix. C’est insolent, d’aller porter les gens en terre avec cette tête là ! — Madame François, l’aubergiste, sort sur le pas de sa porte, en face ; elle jacasse avec les commères du voisinage et montre d’un air furieux, le marchand de