Page:Desprez - L’Évolution naturaliste, 1884.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

senteurs fauves s’exhale de ses vers. Il est le poète de la bestialité amoureuse. Les plante :, mêmes suent l’amour et vivent grassement. Un rut emplit Au bord de l’eau et la Vénus rustique, grandes fresques, si hardiment colorées, si géniales, que l’imperfection du détail disparaît dans l’ensemble.

Et l’originalité des images ! Tel paysage lunaire se rapproche sans désavantage de la scène où Rodolphe et Emma, au milieu de la nuit, contemplent la lune se mirant dans le tremblement de l’eau.


On voyait s’élever comme un feu dans les branches
La lune, énorme et rouge, à travers les sapins.
Et puis elle surgit au faîte, toute ronde,
Et monta, solitaire, au fond des cieux lointains
Comme une face pâle errant autour du monde.


M. Guy de Maupassant tient à cet effet ; il l’a répété dans deux ou trois de ses nouvelles. Ailleurs, il montre dans un vers pittoresque et concis :


……………Deux moissonneurs rivaux
Debout dans le soleil se battre à coups de faux.


On croit voir les deux silhouettes se démener comme des ombres chinoises dans les flambées du couchant. Souvent l’étrangeté quintessenciée de certains rapprochements fait songer à Flaubert.


Un souffle froid, tombé du ciel criblé de feux,
Apportait jusqu’à nous comme une odeur d’étoiles.


Plus loin, des femmes,


Ayant toutes un peu de clair de lune à l’âme,


se promènent pendant que « les brises charriaient des langueurs de péchés. »

Encore mieux. Il s’agit d’une lavandière :


Les coups de son battoir me tombaient sur le cœur.