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qui écume aux arches des ponts inspirent au poète « une amitié malsaine. » Il perd le goût de la franche nature dans cette civilisation concentrée et préfère


……………devant le port Saint-Nicolas
Un vieil arbre isolé qui montre ses racines,


à l’immobilité de la lande et au voltigement des mouettes sur le cap Fréhel.

Les paysages préférés expliquent un homme. M. Zola se fixe à Médan où il trouve une plantureuse nature, toute débordante de sève ; Victor Hugo choisit pour exil l’île de Guernesey, âpre comme son génie, perpétuellement battue par les vents du large et retentissante des coups de la mer. Le talent de M. François Coppée a des tons gris et des nettetés d’eau-forte comme les découpures de toits et d’arbres dans le bleuissement du ciel de Paris.

L’exubérance des poètes de la précédente génération, les Lamartine et les Hugo, vieux arbres enfoncés dans la terre, et qui poussaient


…………………dans tous les sens
La robuste fraîcheur de leurs rameaux puissants


cède la place à la précision de l’observateur. Adieu les tirades à perte de vue, l’amoncellement kaléidoscopique des images et des épithètes. Lorsque M. François Coppée essaie de s’envoler sur la strophe lyrique d’Hugo, les ailes lui manquent, il retombe essoufflé.

Poésie de transition entre le lyrisme de 1830 et la puissante épopée moderne. L’échevèlement des formes romantiques est remplacé presque de toutes parts par la souplesse et la gravité narrative de l’alexandrin. Peu à peu le chant devient récit. Et c’est cette transformation qui donne à l’œuvre de M. François Coppée son ca-