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ballons qui s’envolent, les coups de pics dans les galeries de mines pointillées de lueurs jaunes et semées d’ombres mouvantes, le fourmillement et le brouhaha d’une gare, le roulis, la cohue et les jurons d’un paquebot en partance, toutes ces rumeurs modernes accompagnent superbement les éclats de rire et les sanglots éternels de l’homme.

Une autre poésie, la poésie familière, a été inaugurée par M. François Coppée.

Pâle sous ses longs cheveux noirs, le poète avait dans sa jeunesse le profil accusé de Bonaparte, premier consul. Même maigreur, même courbure de nez, mêmes pommettes saillantes. Un ensemble osseux d’une beauté romantique.

M. Coppée s’est développé dans le petit groupe parnassien.

Dès ses premiers vers, perce la note originale, fraîche et pénétrante, un peu frêle. En 1869, un acte aimable joué à l’Odéon, le Passant, mit brusquement le poète en lumière. Mais, à mon sens, M. Coppée vaut moins par ses fantaisies gracieuses que par ses essais populaires. Là, comme dans toute poésie contemporaine, Victor Hugo a été l’initiateur. Au milieu du livre qui est le cen- tre et le point culminant de l’œuvre, les Châtiments, à côté d’une page qu’on dirait arrachée à la Légende des siècles, l’Expiation, germe la poésie naturaliste commençante avec le Souvenir de la nuit du 4. Le géant oublie de claironner ses grands vers épiques ; son emphase espagnole et sa profonde rêverie allemande cèdent le pas à d’adorables simplicités d’expression.

Du Souvenir de la nuit du 4 dérivent les Humbles.

Pourquoi M. Zola écrit-il donc mélancoliquement ? « Pour exprimer le monde moderne il faudrait