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III


M. SULLY PRUDHOMME ET M. FRANÇOIS COPPÉE

M. Sully Prudhomme a fait des études plus scientifiques que littéraires. Il se préparait à l’École polytechnique lorsqu’une ophthalmie le contraignit à revenir au droit et à la littérature. À cette époque, il étudia passionnément la philosophie. Ce modeste, toujours replié sur lui-même, au front penché, aux yeux perdus dans une rêverie intérieure, artiste sensitif et délicat, dédaigneux des grosses popularités, indiquait, dès 1866, dans les Stances et Poèmes, la route nouvelle que de plus robustes élargiront. Il répudiait les deuils voluptueux des vaincus sans combat, affirmait ses juvéniles croyances au progrès, chantait la science et ses prodiges, opposait au scepticisme des blasés le résumé des conquêtes de l’homme sur la nature ; sa foi positiviste ressemblait à la foi d’un Littré, s’appuyant sur les vérités découvertes pour aller à la recherche des vérités lointaines : son stoïcisme était celui du savant, certain que