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I


LA FORMULE DU ROMAN NATURALISTE

« Anatomistes, physiologistes, je vous retrouve partout ! » écrivait Sainte-Beuve dans le Moniteur, à la fin de l’étude sur madame Bovary.

Le livre avait l’impassibilité dure d’un traité de médecine ; la physiologie y côtoyait constamment la psychologie ; la chair des personnages, mise à nu, fouillée jusqu’en ses intimités, gardait le frisson du scalpel.

Empreinte puissante d’une grande race chirurgicale. Comme son père, le médecin de l’Hôtel-Dieu, Gustave Flaubert, avec son « regard, plus tranchant que des bistouris, descendait droit dans l’àme et désarticulait tout mensonge à travers les allégations et les pudeurs. »

Madame Bovary inaugure le roman scientifique par le souci de Ja vérité, par la profondeur de l’observation, et surtout par l’emploi d’une méthode sûre, substituée