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lumineusement verts. Ce vallon discret, vaporeux, d’une lumière idéale, plaqué de touches vertes et de tons d’argent devait plaire à Sarah Bernhardt : c’est un peu le décor du cinquième acte d’Hernani. Dommage que


L’horreur des alentours en ferme les approches.


Pourquoi M. Rollinat a-t-il des chutes si brusques. Chez lui l’excellent coudoie le pire : les chevilles sont très mal placées, crèvent les yeux, et la richesse habituelle desrimes ne supplée pas àcet inconvénient, comme on le pense au Parnasse. J’ai dit plus haut mon sentiment sur la versification de Baudelaire, très laborieuse et souvent malhabile. Les disciples feraient bien de se défier de l’opinion vulgaire, qui, sur la foi de Gautier, veut voir dans les Fleurs du mal une suite de poèmes impeccables. Si, du moins, M. Rollinat avait la sonorité superbe du maître ; mais l’ampleur est ce qui lui manque le plus : ce ne sont pas des majuscules pédantes et des métaphores vieillies qui peuvent la remplacer.

Il semble, au point où en est la poésie, et malgré les infiltrations naturalistes, qu’il faille se torturer la cervelle lorsqu’on écrit en vers, pour exprimer emphatiquement une idée simple. Si la poésie n’était qu’une école de rhétorique et d’artifices, elle mériterait le mépris de Pascal. On ne devient pas grand poète en tour- mentant l’idée et laphrase, maisen exprimant aussi nettement que possible les impressions ou les sentiments de l’homme. Molière gagne aux ressources du rhythme, mais se tient généralement très voisinde laprose. Etc’est seulement quand il veut trop hausser le ton qu’il devient ridicule.


………Allons couronner en Valère
La flamme d’un amant généreux et sincère.