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aime les rhythmes berceurs, le retour obsédant des mêmes vers qui endort ainsi qu’un ronronnement. Il a un sens de la femme très moderne, une voluptuosité maladive, une recherche dans l’amour qui est bien d’un sensitif de décadence ; et en même temps qu’il se livre à ces débauches d’imagination, qu’il traduit


La vie épidermique avec tous ses frissons,


il a des rêves de blancheurs idéales, immaculées, rayonnantes.

Ce n’est assurément ni l’affectation des formes vieillies, ni la bizarrerie cherchée, ni l’invention de mots inutiles et lourds tels que fantomatiser, envertiginer, incurieux ou monotoniser, ni l’excessif de certaines comparaisons qui peuvent immortaliser M. Rollinat.

Le dégoût n’a jamais semblé à personne un mystérieux recors. Et je m’étonne que la langue d’une fromagère emparadissante puisse trouer une chair de volupté. Cette fromagère montre tout bonnement que le poète a lu Les Rougon Macquart, comme la vigoureuse et belle pièce : l’Enterré vif témoigne qu’il a étudié la Charogne, et s’en est approprié, non moins que la forme, la brutalité et la hauteur de verbe empoignantes.

Que dites-vous du vitriol des noires hypothèses ? cela ne rappelle-t-il pas le riche métal de notre volonté ?

Le soliloque de Troppmann, visiblement né du vin de l’assassin a des allures de complainte :


Je fus les attendre à la gare,
Dans la nuit froide, sans manteau ;
J’avais à la bouche un cigare
Et dans ma poche un long couteau,


C’est le prud’hommes que dans l’atroce. Quant au Chat hydrophobe, il fera crever de rire nos petits-neveux ; les