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On ne peut mesurer la durée des formes transitoires, mais le but apparaît là-bas, clairement.

Après la liberté, la vérité ; après la vérité, la simplicité.

La littérature française ressemble à un de ces grands fleuves de l’Amérique, d’abord rio, serpentant au flanc d’une montagne, puis torrent grossi par les pluies, puis rivière où les autres rivières, entraînées par les pentes du terrain, se précipitent, enfin fleuve, reniant le ruisselet originel, roulant des ondes bourbeuses où le ciel ne sait pas se refléter, faisant mouvoir la roue des moulins et des usines, recevant dans ses ondes fertilisantes des flots de scories. Toujours il s’élargit, le fleuve ; l’eau arrache chaque jour un peu de terre ; du milieu on n’aperçoit plus les deux rives, et la masse énorme devient mer.


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