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donnent assez l’impression de ce que sera la forme future. Je crains que l’école de Flaubert, toute pénétrée de lyrisme, se dégage imparfaitement des virtuosités à la mode. La langue des deux conteurs alsaciens, débarrassée de ses naïvetés voulues et de ses négligences, libre et large, simple surtout, claire comme ces torrents des Vosges où l’on voit filer la truite entre deux eaux, sobrement colorée, me semble très capable de donner l’hospitalité à toutes les sensations et à toutes les idées.

Quelles œuvres nous auraient laissées MM. Erckmann-Chatrian, s’ils ne s’étaient contentés de peindre l’homme externe, s’ils avaient eu assez de génie pour descendre jusqu’au fond des entrailles, jusqu’aux replis les plus secrets des consciences !

Un physiologiste et un psychologue, exempt d’idées préconçues maîtresses d’erreur, et doué d’une forme brève et solide, deviendrait à son tour tête de ligne.

Il y a bien des choses à renouveler.

Le roman qui attend une forme plus simple.

Le drame, souple et ondoyant comme la vie, délivré de ces polichinelles sympathiques qui salissent nos scènes et de ces prétentieuses tirades qui visent au delà de la rampe.

Et la poésie ! On a prétendu que les naturalistes la traquaient. Elle trouvera, au contraire, un rajeunissement dans l’étude du monde moderne.