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On frémit pour la gloire nationale, en songeant au nombre des naïfs qui jugent de nos classiques d’après cet échantillon et prennent cet iroquois pour du français.

Je ne comprends pas plus que la prose de M. Brunetière l’effarement de la critique devant les principes de l’école naturaliste. Le romantisme nous a-t-il tellement égarés que, pris de vertige, nous ne puissions plus reconnaître la grande route ? Est-ce d’hier que l’art se définit : « un coin de nature vu à travers un tempérament ? » Les antiques ne sont-ils pas immortels, surtout parce qu’ils ont exprimé des sentiments humains ? Et la part de la fantaisie, dans une société positive, plus occupée à mesurer la puissance de l’électricité qu’à lire l’avenir dans les astres, ne se réduit-elle point de plus en plus ? Quant au goût dont on fait tant de tapage, ne varie-t-il pas avec les individus, lorsque la vérité reste immuable ? Homère, s’arrêtant aux vomissements d’Ulysse, ne croyait pas qu’un tel spectacle pût scandaliser les dames.

Puérilités négligeables. Dans cette courte préface, je ne veux que montrer la route suivie par la littérature française, de l’aristocratie, point de départ, à la démocratie, point d’arrivée.

Comme la variété des plantes témoigne de la diversité des terrains, la variété des littératures témoigne de la diversité des milieux sociaux. Il n’y a pas