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Ni les clameurs du public scandalisé,


Ni ce tas d’insulteurs aboyant à leurs chausses,


ne les empêchent de porter sur leurs épaules la littérature française du XIXe siècle.

Mon ambition serait de devancer le travail des années sur les écrivains naturalistes, les ouvriers de la dernière heure qui continuent la besogne des romantiques et chassent du roman, de la poésie et du théâtre « le classicisme et sa queue[1]. »

Je ne cache pas ma sympathie et mon admiration. Voilà l’écueil. Peut-être, sans l’avoir prémédité, ai-je écrit une œuvre de lutte, une de ces œuvres qu’on se jette à la tête, lorsqu’on ne peut se casser des petits bancs sur le dos, comme à Hernani.

Affirmer très haut ses convictions, — même en faisant quelques réserves —, n’est-ce pas courroucer autant l’ennemi que si on le prenait directement à partie ? Un éloge de M. Becque est une insulte pour ses détracteurs. Qui sympathise avec M. Cherbuliez, déteste d’instinct Flaubert. Quand on est passionné d’art nouveau, on jette inconsciemment quelques pierres à l’art ancien.

Je l’avoue, au risque d’offenser une foule de bonnes âmes, l’abbé Constantin me semble niais : les romans de M. Georges Ohnet me font dresser les cheveux sur la tête, et mon immoralité savoure

  1. Edmond de Goncourt. Préface des Frères Zemganno.