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  LIVRE II. 41


Plus je suis loin, plus Inon desir s'allume,
Je ne puis plus ses efforts endurer.
Jugez, amans, si je dois esperer,
Plus loin du feu, plus fort je me consume.

Je ne ,'oy rien qu'objets qui me dcsplaisent;
Toule clah'té rend mes yeux languisi8ns;
Je n'enteR rien qui o'olfm5e mes sens,
Et par I~ temps mes douleurs ne s'apaisent.

Tu as beau faire, ô soleil! la reveoè,
Enflammant "air d'amoureuse clairté,
Tu ne sraurois chas.-;er l'obscurité,
Qui m'P.iJvironne et qui couvre ma veuë.

Tu luis par tout, Cors que dedans mon ame,
liais dedans mOl tu n'u point de pouvoir: '
~ul1e clairté je ne puis recevoir
S'elle ne vient des beaux yeux de ma dame.

Rien ne s'égale à ma dure souffrance,
Belle Diane, et j'atteste vos yeux
flue mon trespas me plairoit beaucoup mieux
.4upres de vous, que vivre en vostre absence.

liais on ne meurt d'une extrême tristesse,
Bien que l'esprit soit du corps separe :
S'il estoit vray, je n'eusse tant duré,
Et par ma fin ma douleur eust pris cesse.

Comme des monts les ombrages descendent,
Quand le soleil loin de nous se depart,
Si mon soleil tourne ailleurs son regart,
,)fille frayeurs dans mon ame s'espandent.

Le desespoir aussi-tost s'en rend maistre,
Rien ne sçauroit contre luy m'asseurer,