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  DIANE,  



VI.


Pl'ivé des doux regards, qui mon ame ont ravie
Et la vont nourrissant de mille et mille appas,
Je vy trop mal-heureux: .nais non, je ne vy pas,
Ou je vy d'une vie a cent morts asservie.

Las! je vy l'oireinent, mais c'est mourant d'envie
De voir mourir mes maux, qui jamais ne sont las :
Aussi bien puis-je vivre entre tant de trespas,
Sans coeur, sans mouvement, sans lumiere et sans vie.

Je ne ""1 point; si fay : car, s'il l1'estoit ainsi,
Sentiroy-je: estant mort, tant d'amoureux soucis,
Tant de feux, tant de traits, qui tourmentent mon ame')

Quoy donc? je vy sans coeur contre l'humaine loy :
Non, non, je ne vy point, je suis mort dedans mo!;
Hélas! si fay, je vy, mais c'est en '-OUS, madam('.


PLAINTE.


En quel deserl, quel bois ou quell'ivage,
Amour voilant, me pourroy-je sauver,
POUl' t'ernpescher de me venir trouver
Et m'affranchir de ton cruel ser,'age?

Las! je pensoy, cvitant l'influence
De ces beaux yeux, aux l'aIons si Duisans,
Que mes brasiers en seraient moins cuisana
Et que mon mal perdl'oit sa violence.

Mais c'est en vain qu'ainsi je me destourne
Par les halliers plus fascheu x à passer,
Car je ITl'emporte, et je me dois laisser;
Partant du pied, du penser je rel.oume.