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  LIVRE I. 38


Que de l'aimer je rougisse de honif-,
.Et toutesroi!it que je luy sois consta:ll,
En luy \'oyant d'un valet faire oon~.

Que toute nuict à son huis je lamente,
Et qu'elle soit â se n.ocquer de mOl,
Aux bras d'un autre heureusement contente.

Qu'un chaud martel, qu'une aspre jalousie
De cent fureurs recompensent ma foy,
Et que tousjours mon ame en soit saisie.

Que mon teint pasle et mon visage blesme,
De tant d'ennuis maigre et deftguré,
Me soit horrible et Dl'étonne moy-mesme.

Que le soleil à regret me regarde,
DreC, que le ciel, contre moy conjuré,
llour mon salut ma mort mesme retarde.

Mais, si d'Amour la sagette meurtriere
Ne me peust plus désormais entamer,
ojustes dieux! accordez ma priere!

Qu'en peu de jours cet oeil, mon adversaire.
Flambeau d'amour qui m'a fait consumer,
Perde sa flame et sa lumiere claire;

Que ses cheveux, dont mon aroe fut prise,
Laissent son chef, apres avoir changé
Leur couleur d'or en une couleur grise.

Que de ses mains son miroir elle ronlpe,
Voyant sa face, et que je sois vangé
De ce crystal qui maintenant la trompe.

Qu'elle ait regret à sa jeunesse folle,
Et qu'elle apprenne, helas! trop cherement,
Que la beauté cOlome le vent s'envolle.