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  DIANE,  


Est-il dedans le lict? les pensers qui l'assaillent,
)futios ct f~rieux, sans repos le travaillent:
L'un çà, l'autre delà, chacun à qui mieux mieux r
De ses cuisans regrets le ciel il importune,
Il resve, il se despite, il maudit sa fortune,
Noyant toute esperance au torrent de ses yeux.

S'il s'endort quelquesfois, aggravé de tristesse,
Helas! par le dormir sa douleur ne prend cesse,
lIais plus fort que devant il se sent travailler;
Car au premier sommeilles songes l'espouvantent,
Et mille visions à ses yeux se' presentent,
Qui le font en sursaut rudement éveiller.

Ou si le corps vaincu du travail et du somme
Ne se réveille point, et qu'un dormir l'assomme,
Le coeur qui n'a repos ne fait que soupirer,
L'esprit tremble et {remit de la frayeur horrible,
L'ame crie et se plaint pour sa douleur terrible,
Et les yeux entl"ouvers ne cessent de pleurer.

Le jour est-il venu! sa douleur recommence,
Il deteste le bruit, il cherche le silence;
La c1airté lui desplaist, et la voûte des cieux,
Le murmure des eaux, la fraischeur des ombrages,
Herbes, rives et fleurs, forests, prez et boccages;
Et ne srauroit rien '"oir qui contente ses yeux.

Amour, quiconque fut qui te mit de la race
De ce debat confus, lourde et pesante masse t,
Il parloit sagement et disoit verité,
Car, las! qui vt'it jamais confusion si grande
Qu'aux miserables lieux oli ton sceptre commande,
Tousjours rouge de sang, d'ire et de cmauté?