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  DIANE,  


Et de tant d'animaux l'un est doux et traitable,
L'autre se bagne au sang et à la cruauté.
01' la propl'ieté que le ciel rnta donnée,
Cest d'adorer vos Jeux, leur faveur poursuivaut;
Et la vostre RU contraire est de mteatre obstinée
Et cl'oislre en cruautez mieux j'iray vous servant.

De vous donc je ne puis justement me complaindl·CI
liais du eie1 inhumain et du mal'heureul. IOrt,
Qui jusqu'a un LeI point m'ont bien l'oulu conlraindre,
Qu'aim~Ult vos yeux divins je dois aÏJner ma mort.
Vrayment je l'aime aussi; car proDt et volontaire,
Voire avecque plaisir, je voile à mon trespas; .
Et, lorsque Ja Raison me remonstre au contraire
Et m'en veut retirer, je ne l'escoute pas.

Si croy-je aucunesfois qu'il est bon que j'evite,
Pour adoucir mon mal, le feu de vos beaux yeux,
Je le fay, mais en vain; car rien ne me profite,
Et pour vous esloigner je ne m'en trouve mieux.
Le cerf qui sent d'un trait sa poitrine entamée,
Esloignant le chasseur, n'amoindrit sa douleur i
Aussi pour vous füir, l'ardeur trop allumée,
Qui fait boüillir mon sang, n'a pas moins de chaleur.

Si donc je ne voy rien qui me soit secourabl(t,
Que ne fay-je dessein de nlourir malheureux,
Sans espoir que le ciel, quelque jour favorable,
Change en benin aspect mon astre rigoureux?
Voila tout le loyer où il faut que j'aspire,
Pour avoir si longtans servi fidellement ;
TMltesfois c'est loyer, quoy que l'on vueille dire,
Car il meurt bien-heureux qui meurt en bien-aÏJnant.