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  LIVRE I. 32


Pour tant d'assauts diveni, dont mou arne opressée
S'est veuë en vous servant sans pitié recharger,
Jalnais je ne changeay ceste ferme pensée:
La mort mesme et le tans ne la pourroient changer.

Je ne déguise point, Inon coeur n'est point volage t
Vous sça\'ez la grandeur de ma fldelité,
Car les rays de vostre oeil lisent dans mon courage;
Puis on ne peut tromper une divinité.
Si donc vous le sçavez, et qu'ayez connoissance
Que je n'espere rien pour ma ferme amitié,
Au moins faites semblant, pour toute recompan~,
Que '·ou~ plaignez ma peine et qu'en avez pitié.

Las! je sçays que le Inal, dont mon aIne est sabie,
Vient de m'estre à vos yeux foUelnent bazardé;
J'en ai perdu la veuë ainsi que Tirésie;
Le decret de Saturne est pour moy trop gardé.
Toutesfois je ne puis ny ne veux me distraire
De ces flambeaux divins, Inon ahnable tourment,
Et me plais de languir en si belle misere,
Puizant du malheur IDeslne un vray contentement.

Vous pouvez bien juger mon amour estre extresmc,
Puis que le desespoil' ne la peut offencer,
Et que pour vous ailner je fay guerre à moy-mesllle,
Secondé seulement de mon triste penser.
Celuy qui bien aimant d'espoir se reconforte,
~e se peut dire ahner s'il m'est accomparé,
Veu que sans reconfort lria douleur je supporte,
.:t que je suis constant estant desesperé.

Les herbes que l'on voit au printans desirablc
Ont leurs effets divers et leur proprieté,