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  DIANE,  


Je luv av rait dresser et)a ,·eué et les ailes
Au bie~-h;ureux sejour des choses immortelles;
Je ra! tenu captif pour le rendre plus franc.
Or, si quelque douleur lu~" a livré la guerre,
Hé! qui sans passion 1 pourroit vhore snr terre,
Ayant des os, des nerfs, des poulmons f't du sang!

L'invincible Thebaïn, nompareil en prouesse,
J~ preux fils de Thetis, Iumiere de la Creoe,
Ajax, Agalnemnon, peuvent mieux se douloir,
Car je les ay rendus serrs de leurs prisonnieres
Et leur ay fait aimer des sÏInples chalnbrieres,
Rabaissant leur orgueil par Inon dh-in pouvoir.

OÜ cestui qui se plaint de sa peine cruelle,
Je le tiens sous le joug d·une deité telle,
Qu'il se doit estimer entre tous bien-heureux.
ear de si grand' beauté son amour j'a! fait naistl'c,
Que moy, qui suis des dieux et des hommes le maistre,
J'atteste mon pouvoir que j'en suis amoureux.

Pense un petit, Raison, aux thrcsors desirables,
Graces, beautez, douceurs et clartez admirables
Que tu as veus là haut au cabinet des cieux;
Je ne sça! quO! de plus qui ne se peut bien dirp,
Reluit dedans ses Jeux ou je tiens mOIl empil'f',
Car je n'ay peu choisir throme plus precieux.

Or de ses yeux divins naist sa peine obstinée,
Dans eux sa liberté demeure emprisonnée,
D'eux viennent les tourmens si fascheux à sentir;
Si c'est une prison, prisonniere est mon ame,
Car je tay ma derneure aux beaux yeux de sa dame,
Et si n'ay pas vouloir de jamais en sortir.