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  LIVRE I. 27


Et l'oiseau mieux volaut n'a son trait e'iité.

Les plus lourds animaux, paaIDY les ga'as he.'bages,
Sentans cet aiguillon, qui leur poind les courages,
Bondissent, furieux, pleins d'amoureux desir:
Le torean suit la vache à travers les montagnes,
Le cheval la jument par bois et par campagnes,
Conservant leur espece, attirez du plaisir.

Jupiter, par Juy-mesme, ayant l'âme enOamée,
Coule dedans le sein de sa soeur bien-aimée,
Joyeuse de sentir un tel eanbras6elnent;
Dont grosse puis apl"e8, orgueilleuse, elle enfante
f,ent mille et mille fleurs, qu'elle nous represente,
Resjouyssaot DQS yeux de son riche ornement.

C'est donc, Amour, par toy que les bois re\'erdis~nt,
C'est par toy que les blés ès campagnes jaunissent,
C'est par toy que les prez se bigarrent de fleurs;
Par toy I~ doux Printans, suivi de la Jeunesse,
De_Iore et de Zephyre, etaie sa richesse,
Peinte diversement de cent mille couleurs•

Nos ancestres grossiers, qui vivoient aux bocages,
Hirleux, velus et nus comme bestes sauvagt'..5,
,Errans deçà delà sans police et sans top,
s~ sont, par ton moyen, asS('mblez dans les villes,
Ont policé leurs moeurs par coustumes civiles,
Ont tait les deite~, se sont esleu des roys.

Les leUres ~t les arts te doivent leur naissance,
Tu nous as fait aimer IR coulante eloquence,
ta haute astrologie, et la justice aussi;
Mesme encor â present, l'accord de la musique,
En te reconnoissant, languist mclancholique,