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  DIANE,  


C'est tout ainsi de moy : car ma belle planette
Se repaist des soupirs et des pleurs que je jette,.
Puis m'inspire nu dessus tant d'ardantes chaleurs.

Et quand aucunesfois sa clarté se retire
De dessus moy, chetif, rien plus je ne voy luire;
Une ombre espesse et noire obstinément me suit,
Iles yeux, comme aveuglez, demeurent sans conduite;
Je n'ay rien que tristesse et malheur â ma suitte,
El si je fay un pas, toute chose me nuit.

Je me pers bien souvent, pensant perdre ma paine,
De rocher en rocher, de fontaine en fontaine,
Comme il plaist au destin qui me rend malheureux;
, liais je pers seulement mes pas et mon estude,
Car, parroy le silence et par la/solitude,
J'ay tousjours à l'oreille un chaos amoureux.

Si je suis par les champs, je reçoy fascherie;
H je suis par les prez, je hay l'herbe fleurie;
Si je suis dans un bois, je n'y puis demeurer,
Et sa belle verdeur accroist ma doleance;
Car on dit que le verd est couleur d'esperance,
Et, loin de mon espoir, que sçaurois-je espérer?

En hyver, que je voy les montagnes desertes,
Dlanchissantes par tout et de neiges couvertes:
Las! ce dy-je, ma dame a le teint tout pareil,
IInis que mon noir destin à la neige est contraire
Car la neige se fhnd quand le soleil .éclaire,
Et je orne fonds si tost que je pers mon soleil.

Quand je \'oy les tOl'rens qui des roches der:çandent,
Et d'un cours furieux à boüillons se reRpandent,
Ils me font sou\"Imir de mes pleurs abondans;