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  LIVRE I. 25


Je dy que ce n'est rien, si la nuict coustumiere
Empesche les effets de sa belle lumiere
Et la moitié du tans luy derobe le jour.

Où ma dame tousjours, tousjours dure en sa gloire;
~oit que le jour se monstre, ou la nuict la plus noire,
Le feu de ses beaux yeux heureusement reluit;
Elle ne disparoist pour une obscure nui!;
Ains peut, en se joüant d'un seul trait de sa veuë,
Allumer un beau jour au plus fort de la nuit.

Quelque llart qu'elle arrive, il y croist des fleurettes,
Et de ses doux regars naissent les' amourettes
Qui, de leurs aiguillons, peuvent tout esmou,'oir;
La terre sons sp-s pieds s'émaille de verdure,
Le ciel se plaist en elle, et, 10üanL la nature,
Les mortels bien-heureux s'égayent de l'avoir.

Si tost que je la vey si divine et si belle,
)Ion ame incontinant recogneut bien en (:Ille
I~ parfait qu'autre-fois elle avoit veu aux cieux;
(,"est pourquoy du depuis saintetnent je l'adore
Pour la divinité qui la suit et l'honore,
Et croy qu'en l'adorant je fay honneur aux Dieux.

On dit que nous avons Wle estoille pour guide,
Qui, forte, nous 8n-este ou nous lasche la bride,
Et qui tient de nos jours le terme limit4;
liais ma deesse seule est mon astre prospere;
C'est la loy de ma vie, et ne pourroy rien faire,
Ny ne "oudrois aussi, contre sa volonté.

Tous les astres divins qui dans le ciel ont place
Sont nourris des vapeurs de ceste texre basse,
Et de là puis apres ils causent nos humeurs;