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  LIVRE I. 20


Ne peut durer; il t'St trop "e)1f~ment,
Il faut qu'n cesse ou que je prenne cesse.

Toute ma gloire, ên si trist.e avanture,
C'est que je meurs divinement brûlé,
Que mon desir je n'ai point revelé,
El que mon coeur en est la sepulture.


COMPLAINTE


Depuis l'aube du jour, je n'ay point ,~u de cesse
De pleurer, de crier et de me tourmenter.
Maudissant l'inhumain qui jamais ne me laisse,
Et semble que mon mal serve à le co»tenter.
Helas! je n'en sens point mon arne est.re allegoo;
Les pleurs ne rendent point mon coeur plus dechargé;
}fa Cufeur, par despit, s'en fait plus. enragée,
Et plus cruel l'amour dans mon sang hebergé.

Le jour s'est retiré, ,"oicy la-nuiet veneuë,
Qui soulage les coeurs des honlmes travaillez;
)lais, plus ftere tousjours, ma douleur continuë,
Et, vainqueurs du sommeil, mes maux sont éveill~l;
Si j'ay souffert le jour quelque angoisse pressante,
Quelque jaloux penser en fureur converty,
La nuict, propre aux soucis, fait que mieux je les saote,
N'estant plus mon esprit des objets diverty.

Le jour ne m'est pas jour, puis que je ne voy chose
Qui me donne liesse et me face esperer;
La nuict ne m'est pas nuiet, puis que je ne repose
Et que je sens la lluict ma douleur s'elnpirer.