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  DIANE,  



LXVI.


J'ay par long-tans, COlmne amour ro'affolloit,
~uivi ton oeil. dont la t1anJmc est si claire t
Et mon regard. papillon '~olontaire,
Tousjours autour voUoit ct l'evolloit:

Je m'esgayois au feu qui me brûloit;
Mais, quand je voy que tu veux le contl"aire,
Je DI'en éloigne, et, pour te satisfaire,
- J'oste à mon coeur l'heur qui le consoloit.

• En t'éloignant j'éloigne aussi ma vie,
Puis, toutesfois que telle est ton en"ie,
Je ne Ine plains de mourir en ce point.

I..as! je te rens entiere obeissance,
Fors (lue tu veux que je ne t'aime point;
Mais les destins m'en ostent la puissance~


LXVII.


J'accompare ma dame au serpent furieux,
Que le divin Thebain surmonta par la flame;
Ce serpent eut sept chefs, et ma cruelle daIne
Asept moyens vainqueurs des hommes et des Dieu:~ :

I..e teint, le front, la main, la parole et les yeux,
l.e sein et les cheveux qui retiennent mon ame;
Avec ces sept heautez les rochers eUe entam~,
Et tousjours son pOl\\"oir re,-ient victorieux.

De chacun de ces chefs, sept autres nouveaux sortent:
La mort, les traits, le feu, les desirs qui transportent,
L'espoir, la desfiance et l'aspre déconrort.

Ils sont de ce seul point ditrérens de nature:
C'est qu'avecque du feu l'Hydre fut mis à mort,
o Et l'autre de mon feu prend vie et nourriture.