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  DIANE,  



LXII.


Las! on dit que l'espoir nourrit l'affection,
Et qu'il garde qu'alnont' ne IneUl'e à sa naissance;
Et j'aime toutesfois, n'ayant nulle esperance,
Cal' trop haut est l'objct de l11a presolOlltioll.

Il n'y a cruauté, peril ni passion, '
Qui me sç.eust démouvoil' de Ina pert;eVer311ce,
Et la seule douleur qui ,'ainq lua patience,
C'est que je sois contraint d'user de fiction.

Je considere assez qu'en si haute entreprise
'l'l'Op de discretion ne peut estre requisc;
l'ais, s'il en faut user, je m'y force à regret.

Lasl contre ma raison rnes sens sont POU querelle,
Mille debats confus renversent ma cf'rvelle!
in ces trollhlPos d'<'sprit POU11'ois-je estl'e discret?


LXIII.


Alnour a mis mon coeur comme'un rocher à 1'011Ù('.
COlome enclutne au marteau, comnle une tour au vant,
Et comme ror au feu, dont je pleure souvant
Et crie à haute voix, sans qutaucun lue responde.

Las! tes yeux sont Juisans, et ta tresse In'est blonde
~eulemellt pour mon mal, car je vay recevant
Les Oots, les coups, l'haleine, ct le tfm trop vivant,
Sans varier ma foy. qui plus lcrloe se fonde:

L'onde. c'est ton orgueil. le marleau, Illon tounnent,
Iole vaut, ta "olonlé toul'llimllegel'Cloent,
Qui pourtant ne In'émeut, ne me l'ompl, ne lu'encline;

Puis ton al'tiant COUITOUX, pleill de Coible rigueur,
Comme un feu devorant veut conSOlnlner mon coeur.
liais, tout ainsi ql1e l'or, dans la brai~e il s'aOine.