Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/51

Cette page n’a pas encore été corrigée
  LIVRE I. 17



LX.


Je suis repris, helas 1je suis repris;
Plus que jl\Jnais une ardeur me consume;
Je suis tout cuit du venin que je hume,
Qui boit mon sang' et trouble mes espris.

Aussi, mes yeux, c'estoit trop entrepris.
Comment1desja vous en faisiez coustume
De vous mirer au feu qui vous allume.
lié 1pensez-vous n'en estre point surpris?

Puis que par vous j'ay reçeu ce dommage,
Je ne me plains que soyez en servage :
~'ervage? non, ains douce liberté.

Mais mon esprit, qat n'a point fait d'offence,
Méritait-il d'estre ainsi tounnenté, .
Et que nlon coeur par l'oeil nt penitence!


LXI.


)Jauame, aprcs la mort, qui les bcautez efface,
Je tien que nous irons à l'infernal tourment,
Vous, pour votre rigueur; 100Y, pOUl' trop follement
Avoil' crCU1non desir ct suivi son audace.

liais, pourveu que llinos nous loge en IneSlne place,
Vostre mal pres de mOl sera plus vehement,
Ou j'auray, vous voyant, tant de contentenlent,
Que je ne sentiray douleur, name ny glace.

Car loon ame, ravie en l'objet de vos yeux,
Au luilieu des enfers establira les cieux,
De la gloire eternel1e abondamment pour\'euë;

Et quand tous les damnez se voudront émouvoir
Pour empescbcl' Jna gloire, ils n'auront le pou"uir,
Pourveu qu'estant là bas je ne perde la veuë.