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  DIANE,  



LVIII.


J'ay long-tans "oyag'e, couranllousjours fortune
Sus une mer ùe pleurs. â l'abandon des flots
De mille ardans soupirs et de mille sanglots,
DemeurantlIuioze mois sans voir soleil ny lune;

Je réc1alflois en vain la faveur de ~eptune
El des astres jUlneaux, sourds à tous nles propos,
Car les vent8 depitez, combatans sans l'PpOS,
Avoient juré ma mort sans esperance au(~une.

Mon desir trop ardant, que jeunesse abusoit,
~ans voile et sans timon la barque conduisoit,
Qui vaguoit incertaine au vouloir de l'orage.

liais, durant ce danger, un écueil je trou"ay,
Qui brisa IDa nacelle, et Inoy je me sauvay,
Aforce de nager évitant le naufrage.


LIX.


Puis que je ne fay ricn en vous obeIssant,
Qui vous donne plaisir et vous soit agreable;
Puis que vous estimez que mon coeur soit muable,
Bien qu'aux flots des malheurs il s'aille endurcissant;

Puis que vostre rigueur, d'heure en heure accroissant,
Se plaist à me gesner et me voir miserable;
Puis que ma passion ne vous sert que de fable,
Et que mieux je vous sers, plus je suis languiss:mt;

Puis que, comme ma foy, "ostre orgueil continüC',
Puis que le chemin croist et le jour diIninùe,
Et que je ne voy rien qui me promette mieux,

Adieu, madame, adirtl; aUlSi bipn je confesse
Qu'il faudroit, pour servir une telle deessf',
Non un homme mortel, mais le plus grand des Dieux.