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  LIVRE I. 16



LVI.


Si la pitié trouve en YOUS quelque place,
Si ,"ostre coeur n'est en roche endurey,
D'un doux regard, qui respire mercy,
De ,-os courroux tempel'ez la menace.

Depuis le tans que leur rigueur me chat;se,
J'eusse l'enfer de ma plainte adoucy.
Des supplians Nemesis a soucy,
Et, tost ou tard, leur defense elle elI~brasse.

L'ardant amour qu'en mon coeur j'ay re~.eu,
'xaist de vos yeux, leurs rayons l'ont con~eu,
Enflant d'espoir mon ame outrecuidée.

C'est vostl'e enfant, vous le devez cherir,
Au lieu qu'helas 1vous le faites mourir,
Verifiant la fable de Medée.


LVII.


Si j'aime jamais plus, pour "ivre mal-contant,
Et ne rapporter rien de nla poursuite vaine
CJue les poignans refus d'une dame inhumaine,
Et pour languir tousjours, que je meure' à l'instan t !

Hé! qui fait suivre amour, si ce n'est pour autant
Qu'on pense recueillir quelque faveur certaine?
Car cil qui seroit seur de n'cn avoir que peine,
~eroit-ce pas un sot s'il sten travailloit tant?

Ce qui nous fait trouver le travail agreablp,
C'est quand nous esperons ({l1eique fin desirable,
Qui doit donner repos ft nos longues douleurs.

Pourquoi donc ,-ainement ,-eux-je, par ma constance,
Par regrets, par soupirs, travaux, flammes et pleurs,
Acheter des refus pour toute rccompense?