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  DIANE,  



LIIII.


Je te l'avois bien dit., pauvre coeur desolé,
Que tu ne devois pas si laschement te rendrc;
liais one à mes propos tu ne voulus entendre,
Car l'attrait d'un bpI OEil t'avoit pnsorcelé.

Tu "ois comme il t'Pfi prend, ton heur s'est envolé,
Tu demeures captif, ton hien est mis en cendre;
De tes propres desil's tu ne te peux defcndre,
Et d'aucun bon CSPOil' tu n'es plus consolé.

Et vous, mes tristes yeux, con"ertis en fontaines,
Las! que \'ous faites bien d'ainsi pleurer vos peines,
Et la dure prison où je suis retenu!

Vous ne verrez plus rien desormais qui vous plai~e;
.lIais ce rn'est grand confort de ,oous voir en malaise.,
Car pour vostre plaisir ce mal m'est advenu.


LV.


Amour brûle mon C.OEur d'une si belle Dame •,
Et suis sous son pouvoir si doucement trait~,
Que, languissant ainsi captif et tourmenté,
le ben! la prison et le feu de Inon arne.

Vous autres, prisonniers, que son ardeUl' enllaJnr,
Souhaitez Inoins de pcine et plus de liberté.
l)our mo~'. je veux mourir en ma capti\·ité.
Consommê par le feu des beaux )'eux de Ina damr.

Les travaux. les rigueurs. la peine el le malheut'
Embellissent Ina gloire, el n'ay plus grand' douleur
Que quand cet oeil leJon autre que moy lourmente.

Je n'ay pas toute.~fois perdu le jugement,
Cal' on dit hien heureux celuy qui se conteute,
Et je trouve â l'aimer mon seul contentement.