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  LIVRE I. 13



XLIIII.


osonge heureux et doux 1où fuis-tu si soudain,
Laissant à toit depart mon ame desolée!
odouce vision llasl où es-tu volée,
Me rendant de tristes3e et d'angoisse si plain!

Helas 1 somme trompeur, que tu m'es inhumain!
Que n'as-tu prus long-tans ma paupiere sillée~
Que n'avez-vous encor, ô vous, troupe estoillée,
Empesché le soleil de comlnencer son train ~

ODieux! permettez-Moy que toujours je sommeille,
5i je puis recevoir une autre nuict pareille,
Sans "qu'un triste revei! me debande les yeux.

Le proverbe dit vray: « Ce qui plus nous conlante
Est suivy pas à pas d'un regret ennuyeux,
Et n'y a chose aucune en ce Inonde constante.•


XLV.


Je me travaille assez pour ne faire apparoir
La douleur qui me r~nd si triste et si debile;
Mais, halas 1je ne puis! Il est trop difficile
De porter un grand feu sans qu'on le face voir.

Je bailloone mes maux, je contrains mon vouloil·,
Et tasche à le COl1\Tir d'une rat.on subtile;
liais mon vague penser, et Q10n oeil qui distil~,
Confessent haut et clair ce qui me fait douloir.

.Ne m'en accusez point, belle et fiere deesse :
Aux coeurs sans passion facile l'st la sagesse;
Ceux qui Ceignent d'aimer sont aisément discrets.

Il en prend autrement aux mortelles attainte~ :
c Les fleurs de la douleur, ce sont larmes et plaintes;
Les tyrans, en tuant, permettent les regrets. » .