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  LIVRE I. 12



XLI.


S'il est vray que le ciel ait sa course eternelle,
Que l'air soit inconstant, la mer sans fermeté,
Que la terre en hyver ne reDéiubié a1éilé,
Et que pour varier la nature soit. belle;

S'il est vray que l'esprit, d'origine immortelle,
Cherchant tousjours d'apprendre, aime la nouveauté,
Et si mesme le corps, pour durer en santé,
l:bange, avec les saisons, de deloeure nouvelle,

D'où vient qu'estant forcé, par la rigueur des cieux,
A changer, non de coeur, mais de terre-et de-lieux,
Je ne guarisse point de ma vive pointure!

D'où vient que tout me fasche et me desplaise tant!'
Helas! c'est que je suis seul au monde constant,
Et (lue le changement est contre ma natul'e.


CHANSON.


Helas! tyran plein ùe rigueur,
Modere un peu ta violence!
Que te serl si t'olle despence!
C'est trop de tlames pour un coeur.

E!Spargnes--en quelque estincelle
Et la garde, afin d'émouvoir
l.a fiere qui ne veut point voir
.:Il quel feu je brûle pour elle.

Execute, Amour, ce dessein,
Et rabaisse un peu son audace:
Son coeur ne doit esboe de glace,
Dien qu'elle ait de neige le sein