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  DIANE, LIV. II.  


liais sa diversité n'esmeut mon coeur fidelle,
Car rien plus de changeant n'y srauroit arriver:
La constance est ma forme, on ne m'en peut priver;
Elle m'a donné restre, et ne seroy sans elle.

Ce qu'est le mouvement au ciel qui tout dispose,
La lumiere au soleil, au plomb la gravité,
La froidure à l'hyver, la chaleur â l'esté,
Vostre coeur est à moy toute une mesme chose.

Qu'on ne soit donc jamais en doute de rna foy,
Car, devant que le tans nos deux coeurs desassemble,
Un sujet recevra deux contraires ensemble:
Cessant de vous aimer, je ne seroy plus moy.


LXXVI.


J'ay coun!, j'ay tourné, volage et variable,
Selon que la jeunesse et l'erreur m'ont poussé,
Et mon vol trop hardi jusqu'au ciel j'ay haussé,
Dressant a mes desirs maint trophée honorable.

@'il y eut onc amant heureux et miserable,
Fasché, ëontant, jaloux, bien et IDal carressé,
Qui par tous les destours hazardeux ait passé,
. C'est moy dont le renom doit estre Memorable.

R~du sage à la fin, je Ine suis retiré
l vostre oeil, qui de moy fut premier adoré,
Ne trouvant autre part nulle flamme assez claire.

Vous seule à l'avenir ayez sur moy pouvoir,
Les amours de ce tans vostre foy m'ont fait voir:
Un contraire est tousjours mieux "eu par son contraire.


Fin du II. livre de Diane.