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  DIANE,  


De moy, je me plai' tant à n'aimer rien que vous,
Que la plus grand' douleur ne peut In'estre inhulnaine,
Pourveu que vous cl'o~'ez que ma foy soit certaine
Et que pour bien aimer je sois prisé de tous.

A vos yeux seulement mon cspl'it Cait hommage,
Et d'autre que de vous, j'en jure vostre image,
Le (~ston de Vénus ne pourroit m'entlamer:

Je suis depuis vingt ans sous vostre oberssance,
Commençant à conter du point de ma naissance,
Cal' le ciel me flst naistre afin de .vous aimer.


LXVII.


Quand j'admil'e, étonne, vostre beauté pal'faite,
Que l'esprit seulement ne sçauroit concevoir,
Mon coeur, mauvais devin du mal qu'il doit·avoir,
Croit que rien de rigueur n'y peut faire retraite.

Sur la plus belle Idée au ciel vous fustes faite,
Voulant nature un jour monstrer tout son pouvoir,
Depuis vous luy servez de forme et de miroir,
Et toute autre beauté sur la vostre est portraite.

Beaux yeux qui rendez serfs tous ceux que voqs voyez,
Yeux qui' si doucement mon espoir Coudroyez,
Sans qui du Jaux Amour la trousse est dépourveuë :

Non, j'atteste en jurant vostre effDrt nompareil,
Et vos douces fiertez, que je 'Prise ma veuë
Plus pour vous regarder que pour voir le soleil.