Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée
  LIVRE II. 68


Aussi. jaçoit que vos beaux yeux
Puissent rendre, jusques aux cieux,
!Ju Illns grand Dieu rame saisie,
Vostre foi m'a tant asseuré,
Et leur feu si hien esclairé,
Que je suis franc de jalousie.

Puissions-nous vivre ainsi tousjOUl'S,
IUaistresse, heureux en nos amours,
Aqui nulle autre ne ressemble;
Et, s'il faut sentir du malheur,
Que ce soit la seule douleur
De n'estre pas tousjours ensemble.


LXIII.


La Foy, qui pour son temple a choisi Ina poila'ine,
Jamais n'en partira, quoy qui puisse arriver;
L'effort du tans vainqueur ne l'en sçauroit priver:
Contre tous ses assauts plus ferme elle s'obstine.

Que le ciel courroucé contre mo)' se mutine,
Il ne sçauroit pourtant une écaille enlever,
Les tourmens plus cruels ne font que l'esprouvel':
Comme l'or en la flamme, aux maux elle s'affine.

Elle arreste mon coeur à cloux de diamant,
Et, pour tout artifice, elle fait qu'en aimant
Je me serve d'amour et de perseverance.

Mon feu brûl&tousjours et n'est point evidenl. :
Aussi l'anwur en moy n'est point par accident,
Il est de ma nature et ma propre substance.