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  DIANE,  



LIII.


Dieu des hommes perdus, sera-ce jamais fait?
~ray-je tousjours butte aux douleurs incurabl~!
Iles esprits ahattus sont-ils si Cort coupahles,
Que leur peine en trois ans ne t'ait pas &atisCail?

)Ion coeur, mon oeil, mon teint, hles~, cavé, deft'ait,
De traits, de pleurs, d'ennuis, cruels, amers, durables,
Pourroient Caire avoüer aux damnez miserables
Que de mes passions l'enfer n'est qu'un portrait.

De ma soiC pres des eaux Tantale est la flgur~;
Le vautour de Titye est la peine où je dure,
Tenaillé d'un desir qui me ronge et me poind ;

Mon travail sans profit est le seau des Belidps,
Et mes chauds desespoirs les fteres Eumenides;
Mais, las! en mon enCer Letllés ne passe point,


LIIII.


Dressez-mOl sans cesser querelle sur querellp,
Et tenez de vos yeux le beau soleil caché,
Pour rendre mon espoir languissant et seiché,
Et pour couvrir mes jours d'une nuict eternel1(';

Que pour moy de tout point la pitié soit crnellt',
Et que tousjours le ciel à mes cris soit bouché,
La rigueur des ennuis dont je seray touché
N'aura jamais pouvoir de me rendre intldelle.

Mon coeur, aux f10ts du mal, semble un roc endure!;
Vous estes mon soleil, je suis vostre soucy,
.'ouvrant tant seulement aux rais de vost1'6 veuê.

Lasl vous le sçavez hien; mais, pour me tourmenter,
Sans cause, à tous propos, vous monstrez d'en douter,
Et c'est de t~us mes maux celuy S8ll1 qui me tui.