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  LIVRE II. 57


Et reveilles mes sens pour leur faire connoistre
Ce que je vondroy bien qu'ils ne connussent point.

Vous que comme deesse ici-bas je revere,
Si vous avez pitié de ma longue misere,
Et si vous desirez de me voir secourir,
Tuez cette lorciere acharnée à ma perte,
Et de son sang tout chaud oignez ma playe ouverle :
Ce remede tGut seul est propre à me parir.


XXXIIII.


Celle à qui mes escrits ont donné tant de gloire,
Qu'on l'estimoit unique en sa perfection,
A du tout, comme on dit, changé d'affection,
Et de nos feux premiers enterré la memoire.

Non, non, la glace est chaude et la blancheur est noire,
Le soleil tenebreux, l'air sans mutation,
Le ciel, la peur des dieux, tout n'est que fiction,
BreC, ce qui est n'est point, à rien il ne faut croire.

Je ne croiray plus rien, ou croiray seulement
Que les sens et l'esprit jugent tout faussement,
Et ne jugent de rien qui soit sans imposture.

Je croiray que la femme, et n'en seray blasm~,
Entre tout ce qui est ou fut jamais Cormé,
Elit de la plus changeante et plus fausse nature.