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  LIVRE II. 56


L'heureux miroir qui voit les beautez que j'adore,
Et si n'endure pas mes tourmens inhumains.

Je hay le doux sommeil qui lui clost la pauJMlire,
Car il est (s'ay-je peur) jaloux de la lumiere
Des beaux yeux que je voy, dont il est amoureux;
I~s J il en est jalouI et retient sa pensée,
Et sa memoire aussi, de ses charmes pressée,
Pour luy faire oublier mon soucy rigoureux.

Je n'aime point ce vent qui, folastre, se jouë :
Parmy ses beaux cheveux et lu! baise sa joué,
Si grande privauté ne me peut contenter.
Je couve au fon~fdu coeur une ardeur ennemie
Contre ce fascheux Het qui la tient endormie,
Pour la ",oir toute ftuë et pour la supporter.

Je 'Youdl'OY que le eiell'eust tait devenip telle,
Que nul autre que moi ne la pust trouver helle :
liais ce seroit en vain que j'en prirois les dieux,
Ils en sont amoureux; et le ciel qui l'a faite
Se plaist en la voyant si belle et si parfaite,
Et prend tant de clairtépour mieux voir ses beaux y~••

Tous ceux que je rencontre,cn quelque part que j'erre,
Sont autant' d'ennemis qui me Utrent la guerre ;
S'ils sont vestus de noir, je croy soudainement
Que c'est pour faire voir, à la beauté que j'aime,
Qu'ils sont pleins de constance ou de tristesse extrême,
Et deviens ennemy de leur accoutrement.

L'incarnat Dle fait foy de leur dure soufl'raD~,
Le verel me fait trembler avec son esperance,
Je CODfto)' par le bleu Jes jaloux comme moy':
Le bleu, c'est jalousie, et la mer en est peinte ;