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  DIANE,  



XXXIII.


Puis que, pour mon malheur, ceste unique beauté.
Que j'aime. uniquement, fait aimer tout le monde,
n ne faut pas penser que l'angoisse profondp.,
·Qui s'ancre en mon esprit, perde sa cruauté.

Je suis transi de froid au plus chaud de resté,
Tant la crainte en mon coeur d'un pié.ferme se fonde,
Le soleil me fait peur, le ciel, ]a terre et l'onde,
Les vens, les Oeurs, les bois, l'ombrage et la clarté.

Las! si pour la voir telle, UDe aspre jalousie
Doit posseder mon coeur comblé de frenaisie,
Faites pour mon salut (Ô pitoyables dieux!)

Afin que la fureur de ce mal diminuë,
Que ~ux qui l'osent voir soient privés de la veu~,
Ou, pou~-ne lei voir point, que je perde les yeux.


DE LA JALOUSIE.


Amour Apetit feu fait consommer mon arne,
Et m"attaint si souvent des regards de ma dame,
Que je n'ay pas un lieu qui nOen soit tout perçé;
Helas 1 ce n'est pas tout : la froi(le jalousie
Il"envenime l"esprit, trouble ma fantaisie,
Et m'outrage si fort, que j'en suis insensé.

Amour est bien cruel, sa pointure est mortelle.
liais l'aspre jalousie est beaucou"p plus cruelle,
Tout autre mal n'est rien au prix:: de ce tourment:
Amour, aueunesfois, se lasse de nos peines,