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  DIANE,  


Las! pourquoi ray-je souhaitée,
Si la guerre est plus irritée
Entre mes pensers que jamais!

Pensers qui font dedans ma teste
Un bruit estrange, une tempeste,
Et dressent cent mille combats:
liais quoy qui gaigne l'advantage,
Sur moy seul tombe le dommage
Et la perte de leurs debats.

Las! qu'Amour me rend miserable!
Lasl que la j~e est peu durable;
Las 1 que constante est la douleur :
Que du sort la rouë est legere,
Que l'esperance est mensongere,
Que l'homme est sujet au malheur!

Non, non, sous le ciel de la lune,
Tout va comme il plaist à Fortune,
Elle seule est royne icy bas:
S'il y a quelque pl'ovidence,
Au ciel elle a la reaidenee,
Ailleurs on ne ta cognoist pas.

Car quel ordre et quelle condoite
De voir en tenebres reduite
Une beauté digne des cieux!
Et qu'ainsi soit vive entelfte
Celle qui deust estre adorée
De tous ceux qui portent des Jeux!

Aux ours et aux Tigres sauvages,
Il faut des treillis et des cages
Pour les garder d'estre nuisans :