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  LIVRE II. 52


Et moy je couve en mon courage
Des soupirs, qui font un orage
De cent mille flots ondoyaDs.

Ô belle jeune!se du monde
Des desirs la source feconde,
Mere des nouvelles amours,
De tout l'univers recolU\ue,
Que me sert ta douce venu~,
Si mon hyver dure tousjours?

Royne des fleurs et de l'année,
Tousjours pompeuse et couronnée,
Doux 80ulas des coeurs oppressez;
Par tout où tes graces arrivent,
Les jeux et les plaisirs te suivent:
Les miens, où les as-tu laissez!

Quand je voy tout le monde rir",
C'est lors qu'à part je me retire,
Tout morne, en "quelque lieu caebé :
Comme la veufve tourterelle,
Perdant ~a compagne OdeUe,
Se branche sur un tronc sei~hé.

Le soleil jamais ne m'esclaire,
Tousjours une erreur solitaire
Couvre mes yeux de son bandeau:
Je ne voy rien que des tenebres,
Je n'enten que des cris funebres,
Je n'aime rien que le tombeau.

La France, en partis divisée,
Sent enfin sa rage accoisée
Au doux leniment d'une paix :