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Mais, rien ntestant jamais parfait de sa naissan('('t
Ils ne peurent trouver, parroy tant d'ignorancf',
Ce qu'avecque plus d'art les autres ont cherch(,
Voyant par les premiers le chemin defriché.

Quand de si peu de mots la France avoit l'usag(l,
C'estoit eslre stavant que d'avoir du langage;
Rien ne se peut fonner et pollir à la fois,
Et faut beauJoup de Inots pour en faire le chois.

Ces esprits emportoient la gloire tonte entiere,
Si tousjours la façon eus1 suivi la Inaliere i
Mais souvent â leurs vers defailloit la heault'.,
Comme aux corps qui n'ont rien qu'une lourde s:mtl·,
A ces vieux bastimens ils étoient comparables,
Dont le fondement ferme et les pOl'les durables
De l'orage et des "ents mesprisent les efforts,
Mais qui, sans ornement et dedans et llehors,
N'ont nul esclat riant où l'oeil se puisse plairr;
L'émail des chiffres d'or dans les chanlbres n'f'sclail'l' t,
Ny des marbres dÎ\'ers la luisante clairté,
Et n'ont rien qui ne soit pour la necessité i
Non plus que ces guerriers ,"estus lI'armes }1f'santes,
Qui les pourroient avoir et bonnes et luisanles i
Vais \'oulant aux combats seulement s'asseurerJ
Ont soin de se couvrir ct non de se parer.

Les derniers, qui vouloient s'esloigner de ces vier!",
Ont assis Apollon au tll.'osne des delices,
Mais de trop de lieIls contraint sa rnajesté.
Luy qui, comme un grand Dieu, n'a rien de limilt'"
Qui dessus tOI1S les al'ls estendant SOli empirE',
De pompe el d'appareil par tout souloit reluirp,