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  DIANE,  



XXVII.


Si vous m'aimez, madame, helasl si vous m'aimez,
Et si le trait d'Amour comme moy vous entame,
Donc ainsi comme moy vous sentez dedans l'ame,
Aux esprits et au coeur, cent fourneaux allumez.

Hé! pourquoy souffrez-vous que soyons consuloez,
Servanl de nourriture à l'amoureuse ftame!
N'est-ee une grand' rigueur, si vous poUyez, madame,
Moderer cette ardeur qui nous tient enftamez!

Noul sentons bien tous deux une égale soutrA'anee,
Mais de nous en sortir seule avez la puissance;
Encor vous ne voulez nos langueurs secourir!

C'est estre en mesme tans cruelle et miserablp,
De nourrir un tourment dortt on se peut guari.',
Et. pour n'aider autruy, ne s'estre secourable.


XXVIII.


Hél que n'est-il permis, aussi bien qu'à mes yeul,
A tous mes autres sens d'exercer leur puissance t
L'leeez qui m'aft'oiblit perdroit sa violence,
El sans plus d'epiter je ~niroy les cieux.

ojour bien fortuné! jour clair et radieux,
Où de tant de beautez mon oeil eut jouyssancf',
Que le seul souvenir chasse au loin ma soulrranee,
Et d'un homme mortel me rend égal aux dieux.

Je vey dans un beau sein, sur deux fraises nouvelles,
Amour, comme une abeille, errer d'un vol soudain,
Laissant dedans les coeurs mille pointes mortelles.

Je le vey, le méchant, le meurtrier, l'inhumain!
Oh! si l'on m'eusl permis d'y mettre un peu la main,
Je l'eusse bien puny de mes peinf'.8 cruelles.