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  DIANE,  



XXIII.


Puis que mon plus bel Age, en servant df'spE'nsé,
Puis que ma loyauté, mon ardeur, ma tristesl'le,
lion teint palle et ma voix, mon oeil pleurant sanl celle,
N'ont sçeu donter un coeur qui se disoit forcé:

Espoir, que tant de fois loin de moy j'a)' chass....
Comme une idole feinte, et vaine, et tromperesse,
Vers quelque autfe abusé desormais trouve adresse,
Je ne puis en tes rêts estre plus enlacé.

Les cieux ny les enfers n'ont de to)' connoissance,
Les humains seulement font joug sous ta puissance,
Qui desseins sur desseins ne cessent d'enfiller.

Tu n'es qu'un songe Caux des veillans miserables,
Tu repais les esprits de chansons et de rables,
Et, te cuidant tenir, on te voit envoiler_


XXIIII.


Je ne suis point jaloux ny ne le veux point estre,
Quand un plus fortuné sera de vous reçeu ;
Il'appercevant trop tard que je me suis det.eu,
Je cesseray de suivre un enfant pour mon Maistre.

Bien que v08tre beauté mon desir ait faU naistre,
Il fust mort toutesfois aussi-tost que conçeu, .
Sans l'espoir tout riant qu·en vos yeux j·apperçeu,
Qui ma 8amme a nourrie et l'a fait ainsi croistre.

J'ay sur vostre constance assis mon bastiment :
C'est une eternité, s·n a bon fondement;
SiDon, au premier vent, adieu l'architecture.

Si ce malheur mOadvient, saintement je promets
Qu'aux senoeDS et aux pleurs je ne croira} jamais,
Ny qtI-au coeur d'une femme une seule amour dure.