Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée
  DIANE,  



XIX.


Helas! chassez ce vouloir obstiné 1
lIelas! changez ceste estrange nature,
Et n'éteignez, faute de nourriture,
Mon foible espoir, aussi-tost mort que né.

N'est-il pail taDs que je sois guerdonné!
N'est-il pas tans qu'une heureuse advanture
Donne allegeance au tourment que j'endure,
Et de chetif me rende fortooé !

Si vous sçal'ez que ma foy soit certaine,
Si vous voyez la grandeur de ma paine,
Si vous pouvez mes langueurs secourir:

Que YOUS sert-il que je sois miserable?
Las! hastez-vous de m'estre Cavorable,
Ou \'Ous bastez de me faire mourir!


XX.


Que trop d'amour Ine seiche et me devore ainsi,
Devant vos yeux cruels embellis de ma paine;
Que je m'aille appastant d'une esperance vaine,
Plus pour aigrir mon mal que le rendre adoucy;

Que je ne trouve en vous nI pitié ny mercy,
Que je meure de soif 8U bord de la fontaine :
Non, il n'en sera rien, heau~ trop inhumaine,
J'ay soin de mon salut, dont vous n'avez soucy.

Par vos Ceintes douceurs ne sortans point de l'ame,
Quand vous m'avez rendu tout de soulrre et de fiame,
Vous pensez-vous mocquer d'Amour et de ma rOJ!

liais vos deguisemens forçent ma patience,
Vostre froid mon ardeur, les tounnens ma constance :
Je ne puis estre à vous si vous n'estes à moy.