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  DIANE,  



XIII.


Je sçay qu'ell' ont des yeux, les autres damoiselles,
Pour rendre en regardant maint et maint amoureux,
liais non pas des soleils ardans et vi~oureux,
Qui remplissent les coeurs de flammes immortelles.

J'avonè et veux penser qu'il y en a de belles
Assez pour travailler un esprit desireux :
liais quelle autre a ses traits si doux et rigoureux,
Qui font gouster la vie entre cent morts cruelles!

Quelle aulre a ct:L esprit qui le Inien a cllumë
(~s propos, oes discOUl'S dont je fus ll'ausfol'Dlé?
Où sont tant d'halneçons. d'aInours, de feux, de glaoes?

SouJfrons donc sans blaspheme un extl'êlue lourmeul',
Croyant qu'on ne sçauroit qu'aiIl1er extrêmement
Celle qui est extrême en beautez et en graoes •.


XIIII.


Malheureux que je suis! je vous soulois descl'il'e
lion naturel leger jamais ne s'arrestant,
PI~enant à grand honneur que je fusse inconstant,
Et, tel comme j'estois, me plaisant à le dire.

Maintenant que vostre oeil sans pitié me marlir(',
)la nouvelle douleur d'heure en heure augmentanL,
Je maudy mon offense, honteux et repentant,
Et trop tard pour mon bien je cherche à m'en dedir('.

-Quel confort? quel remede? Amour, conseille-mol ;
. Pourra-t-elle jamais s'assurer de ma foy,
l'ayant connu devant si leger de courage!

lIelas! loon inconstance à sa gloire a esté,
Car quel plus grand honneur que d'avoir arreslé
Celuy qui ~'asseuroit d'estre tousjours volage?