Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée
  LIVRE II. 43



XI.


lié! ne suffit-il pas qu'Amom', trop animé,
Tienne mon coeur en feu qui s'accroist d'heure en heure,
Sans que mes chauds soupirst sortant de leur demeure,
Donnent force à l'ardeur dont je suis consommé!

o,·ent impetueux, excessif, enOamé,
C'est par toy que ma flame eternelle demeure.
LaÏ$Se faire à mes yeux : ces ruisseaux que je pleure
Esteindront le fourneau dans mOIl coeur allumé.

liais c'est trop vainement qu'en espoir je me fonde,
L'eau n'esteint pas l'amour: Neptune au creux de l'onde
S'est trouvé mille fois amoureux et brûlant.

Sus donc, ardans soupirs, monstrez votre puissance,
Rendez mon feu plus chaud, croissez sa vehemence.
11 en durera moins s'il est plus violant 1.


XII:


~i le Mary jaloux de la belle Cypris,
Qui forge à Jupiter le tonnerre et l'orage,
Forgeoit les traits d'Amour, il eust maudit l'ouvrage
Et quitté, tout lassé, son labeur entrepris.

Car ce cruel volleur des coeurs et des espris',
NoulTY d'une tigresse en quelque lieu sauvage,
De mille coups mortels ne contente sa rage,
Et fait tousjours des coeurs sa victoire et son prix.

On perd tans contre luy de se mettre en detl'ance:
Un hOlnme D'est pour faire à un dieu resistance,
Mesme un dieu si puissant, qu'il sunnonte les dieux.

Maudits soient tous ses traits et leur puissance forte !
Helas! j'en suis couvert en tant et tant de lieux,
Que cet aveugle archer pour sa trou!se me porte t.