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  D’HIPPOLYTE. 114


Pour le voir plaindre et soupire)' ;
Car, presqu'aussi tost qu'il commanee,
Le refus ou la jouyssance
Esteignent ses feux si cuisans,
Et n'y peut avoir d'asseuranee
Qu'il n'ait passé deux fois douze ans.

Et puis la jeunesse indiscl'eUe,
Brûlant d'amoureuse chaleur,
Ne sç-8uroit retenir secrette
Une joye ou une douleur;
De ses faveurs elle se vànte,
Pronte, dédaigneuse, arroganl~r
Rien ne s'y peut voir d'arreslé,
Et son aroe est plus inconstante
Qu'un flot deçà delà porlé.

J'estime aussi peu recevable,
Au moins pour durer longuemant,
Cette ardeur qu'on croit veritable,
Du premier regard s'allumant;
L'Amour est foible â sa naissance,
liais le tans luy donne accroisslrtce,
Et le guide â perfection;
Il faut donc de la connoissance
Pour fonder une affection.

Mais surtout qui veut vivre henreuse,
La grandeur ne doit estimer,
L'amour dtas grands est dangereuse,
Et ne se peut assez blasmer;
Sujette au bruit et à renvie, .
De mille ennuis elle est suivie.