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  AMOURS  


N'adoroit rien que vous, et constante affermoit
Qu'il n'estoit nul salut hors de cette creance.

Et qui plus est encor, elle est tant obstinée,
Que cette vieille erreur ne veut point delaisser,
Et dit, pour tout confort, qu'il luy plaist de penser
Que pour trop vous aimer elle sera damnée.


CHANSON.


Pour voir ma fin toute asseuree,
Que vos rigueurs ont preparée,
Je ne me plains aucunement;
Car veu la douleur qui m'offense,
La mort, venant soudainement,
Me tiendra lieu -d~ recompense.

Sans plus pour mes yeux je me plains,
Ces yeux qui vous ont veu si belle,
Privez d'une lumiere .telle,
Faut-il, helas 1 qu'ils soient estains!

Faut-il aussi que mes oreilles,
Apres tant de douces merveilles
Ravissant l'esprit bien-heureux,
Pour jamais demeurent fermées,
Sans que vos prop~s amoureux
Les puissent plus rendre charmées'

Ce m'est un ennuy trop amer,
Qutil faille que ce coeur perisse,
Qui fut nay pour vostre service,
Et qui osa bien vous aimer.

Mais en ce regl'et qui m'aft'olle
Peu à peu je me reconsole,