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  AMOURS  



LXXXIIII.


De quels cousteaux fut mon ame blesse
Et queUe fiamme en mon coeur s'alluma,
Quand ses beaux yeux de rigueur elle arma,
.Pour me tuer sans l'avoir offensée!

Que d'une plaiilte, en pleurant eommençée,
Ne fis-je voir le dueil qui m'entama?
Je l'essayay : mais la douleur pressée,
Ames propos le passage fenoa.

Que ne leut-elle au moins sur mon visage
Iles passions, me voyant tout transit
Palle mon teint, mes yeux couvers d'ombrage,

Qui pour ma bouche alors crioient merCJ?
Helas 1 la nuiet m'osta cet advantage.
Et l'empescha qu'elle me veist ainsi.


LXXXV.


Mes yeux, acc.oustumez au jour de vostre veut;,
Sont clos allsi soudain que vous disparoissez,
It des autres beautez les rayons élancez
Ne sont pour m·éclairer qu'une effroyable DUe.

Mon ame en vos cheveux est si bien detenué,
Mes sens de trop d'amour sont si fort iOseD5eZ,
Et vers vous mes desirs tellement sont dressez,
Qu'aucune antre beauté n'est de moy reconnue.

Et si le ciel jaloux me force à vous laisser,
Quelque mont, fleuve ou bois que je poisse passer,
Bien qu'aux deserts glacez pour jamais.je m'habite,

Tousjours malgré le tans, la distance et les lieux,
Vostre beauté divine, ô celeste Hippolyte !
Sera pres de mon coeur, s'elle est loin de mes yeux.